Et si l’un des plus beaux jours de la vie d’un couple pouvait être « entaché » par… l’un ou l’une de leurs invités ? Impensable, me direz-vous, les invités sont des personnes de la famille, les amis les plus proches, leur présence est toute entière dédiée à célébrer les mariés, avec tout leur amour, en cette occasion si unique… Pourtant, l’article qui suit est un véritable coup de gueule contre un comportement qui, s’il semble anodin à ceux qui l’adoptent, est en réalité un affront direct vis-à-vis des mariés, aux conséquences aussi lourdes qu’irrémédiables.
Tout part d’une anecdote… photos de mariage à l’appui !
Le mariage est bien lancé, l’émotion est à son comble et ce couple se dit « oui » à la mairie devant ses proches les plus fidèles… Puis l’assemblée se lève et s’empresse d’aller acclamer les mariés sur le parvis de la mairie. Mon rôle, en tant que photographe de mariage, est bien sûr d’immortaliser ces instants précieux, et les premiers pas de ces jeunes mariés au grand jour, avec leurs invités. Je suis prêt et entièrement concentré sur ma mission quand une femme se détache du groupe pour aller se placer entre les jeunes mariés et moi-même afin de les prendre en photo avec son appareil… Pour ce qui est de ma photo, la symétrie et la lisibilité sont compromises, la photo est ratée, et pour toujours, car je n’aurai pas l’occasion de refaire émerger ce moment fort.
Immédiatement après, je me rapproche de cette invitée pour lui rappeler à la fois ma présence et sa raison d’être, mais aussi l’importance d’agir collectivement dans l’intérêt des mariés sous peine de les priver des beaux souvenirs en image dont ils m’ont confié la délicate responsabilité. Et comme une image vaut mieux que mille mots, je lui montre la photo prise à l’instant, lui expliquant avec bienveillance que ce qui n’a certainement été pour elle qu’une maladresse ingénue n’a pas été sans conséquence. La photo qui a été gâchée n’est pas un préjudice pour moi, le photographe prestataire extérieur à la famille qu’on oubliera vite, c’est l’immortalisation d’un moment historique de la vie des jeunes mariés qui leur a été confisquée, c’est pour eux la privation pour toujours de ce qui aurait du être une belle image de ce moment si symbolique, LA sortie de la mairie. Autrement dit, en se plaçant en plein milieu avec son appareil, c’est un instant qu’elle a immortalisé pour elle, m’empêchant de l’immortaliser pour eux ; c’est un moment qui a été volé aux mariés. La belle photo des mariés sortant de la mairie avec tous les regards des invités tournés vers eux, ils ne l’auront jamais.
Ma démarche vis-à-vis de cette dame n’est pas aussi culpabilisatrice que le laisse penser le paragraphe précédent. Dans les faits, l’échange est court, je suis moins insistant, et je tourne les choses de façon moins dramatique (mon but n’est pas non plus de plomber l’ambiance), mais en substance le message est le même. Comme j’ai remarqué que cette dame fait des photos depuis le début de la journée (ce qui ne me gêne en rien, bien entendu), je tiens toutefois à lui rappeler l’investissement réalisé par les mariés en m’engageant afin qu’une telle situation ne se reproduise pas.
À ma grande surprise, elle en rigole et me dit que ce n’est pas grave, et que la photo que j’ai prise lui plaît quand même comme ça. Je suis stupéfait. Toutefois, le monde au dehors continue de tourner, et je n’ai pas davantage de temps à accorder à cet incident.
La cérémonie continue. Peu après, nous voici tous à l’église. Tous les yeux sont rivés sur l’allée centrale et le fond de l’édifice, d’où arrive d’abord le marié. Et c’est là que je la vois, toujours cette même invitée, se placer au beau milieu de l’allée avec son appareil photo… Avant que la musique ne démarre et que la procession d’entrée ne commence, je me précipite auprès d’elle et lui demande de rester assise, en tentant de lui rappeler brièvement notre discussion d’il y a quelques minutes à peine. Nous sommes interrompus par la musique qui démarre, je l’invite à libérer rapidement l’allée centrale. Elle s’exécute et regagne l’intérieur d’une rangée de bancs… Pour se relever cinq secondes plus tard dans mon dos alors que je regagne ma place près de l’autel afin de gâcher coup sur coup l’arrivée du marié puis celle de la mariée, carrément obligée de faire un écart pour pouvoir la dépasser.
Je suis outré, mais surtout déçu, non pas pour moi, mais par empathie avec ce couple de mariés avec qui j’ai noué un lien authentique au fil de nos échanges, que je connais peut-être si peu comparativement à leurs invités, mais pour qui il me semble ressentir en cet instant davantage de respect et d’affection que cette dame qui fait des photos pour elle, m’empêchant de faire des photos pour eux.
La leçon à en tirer
Une étourderie innocente ?
Il arrive très régulièrement que certains invités me gênent accidentellement, oubliant ma présence. C’est compréhensible, habituel, attendu, normal. Sous le coup de l’émotion, on dégaine son téléphone, on se décale un peu pour mieux prendre la scène et on ne se rend pas forcément compte qu’on gêne celui qui est derrière. Et c’est normal, le photographe est probablement la dernière personne à laquelle on pense dans ces moments forts. En toute honnêteté, j’ai probablement moi-même été cet invité gêneur à une occasion ou une autre, sans m’en rendre compte.
Des conséquences à considérer
Toutefois la situation dépeinte ci-dessus dépasse clairement ce cas de figure, et c’est véritablement l’aspect volontaire, éclairé et conscient, qui est à l’origine de mon coup de gueule.
« Je sais que je gêne le photographe, mais je ne dois rien à cette personne, alors je fais comme bon me semble, tant pis pour lui, s’il n’est pas content, c’est pareil. »
C’est comme ça que je perçois ce comportement.
Or ce n’est pas le manque de respect envers moi qui m’affecte, ce n’est pas mon activité de photographe de mariage qui est compromise. En effet en ce qui me concerne, j’aurai d’autres occasions de faire de belles photos de sortie de mairie et d’entrées à l’église car j’accompagnerai d’autres couples et vivrai avec eux d’autres moments uniques. En revanche, c’est le reportage de ces mariés-là qui est compromis, ce sont les souvenirs en image de ce couple-là qui sont gâchés. Ainsi, même si j’ai à cœur de réaliser pour chaque couple les plus belles photos possibles, je ne suis pas celui qui est le plus impacté par ce comportement.
En tant qu’invité, interférer délibérément avec la mission du photographe, c’est :
• Manquer ouvertement de respect aux mariés
• Compromettre les souvenirs de leur mariage
• Se montrer indigne de leur confiance et de leur affection
Pour finir, les photos réalisées par le photographe missionné par les mariés ont un coût qui n’est pas négligeable. Il s’agit souvent d’une prestation à plusieurs milliers d’euros qui fait partie des postes de dépense les plus importants de l’organisation du mariage.
Compromettre la mission du photographe engagé par un couple, c’est gaspiller le budget de leur mariage, c’est dilapider des économies souvent durement acquises.
Vous êtes sur le point de vous marier ?
Si vous avez en tête tel ou telle invité(e) qui serait bien capable de ce genre de « maladresse », n’attendez pas plus, et offrez-vous l’assurance d’éviter le carnage en lui recommandant la lecture de cet article avant le jour J ! 😉